Atchoum et Cigogne
Vidéo, 13’31, 2020 

   

 

Atchoum est un petit monstre frappé d’un rhume chronique, maladie bénigne pour qui ne possède qu’un seul nez, alors qu’il est lui même recouvert d’une véritable parure de pifs. Déboussolé, il échoue par mégarde chez Cigogne, oiseau migrateur sédentarisé, dont la frustration et l’ennui nourrissent de folles théories, qu’il schématise sur les tableaux noirs qui meublent son abri. La méfiance de Cigogne laisse vite place à une forme de compassion pour celui qu’il considère vite comme son ami, pour qui il décide de mettre à profit ses compétences pour tenter d’apaiser ce maudit rhume. Seulement, l’entreprise se complexifie à mesure d’incompréhensions mutuelles et de revers du destin qui les ramènent constamment à leur condition initiale, celle d’un amas de nez enrhumés et d’un oiseau en cage.
Atchoum et Cigogne sont les personnification cartoonesque de l’effet Atchoum et de l’effet Cigogne; effets rhétoriques identifiés notamment par le laboratoire de zététique du Pr.Henri Broch de l’Université de Nice. Ces pirouettes discursives, visant à établir des liens de causalité dénués de rigueur scientifique, entre des événements tour à tour liés par une temporalité commune ou une dynamique parallèle, constituent un terreau fertile pour l’élaboration d’un raisonnement sophique. Plutôt que des sophistes, Atchoum et Cigogne; tour à tour tendres, effrayants ou bouffons; s’échinent à tordre la réalité, à tordre leur condition de nez enrhumé et d’oiseau cloué au sol. Pour ce faire, ils élaborent un discours commun, et tentent mutuellement de combler les lacunes de l’un et de l’autre. Conscients qu’ils ne peuvent échapper à une certaine forme de fatalité, ils tentent, comme dans une fable, de se réapproprier un récit qu’ils n’ont pas choisi.


 


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